- Julia Moreno
Le Christ, clef de voûte de l’univers, par l'abbé Michel Cuany
Opposées et complémentaires, les deux images se superposent : celle du bon berger présentée d’abord dans la première lecture, image d’un Dieu rassembleur et sauveur par le prophète Ézékiel afin de redonner l’espérance au peuple alors dispersé par l’exil. Relayée par la pensée grecque, la même image est reprise dans l’Évangile : c’est l’image d’un Christ pasteur, telle que reproduite sur les parois des catacombes, pasteur qui s’occupe des animaux, de tout ce qui compose la nature, des hommes aussi, qu’il connaît, aime et guide avec sollicitude par-delà les ravins de la mort.
Il est nécessaire que nous ayons sous les yeux cette première image avant de découvrir l’autre, beaucoup plus attendue, d’un Christ en gloire comme les beaux-arts le représentent, Christ jugeant l’univers à la fin du monde ainsi que nous le lisons par ailleurs chez Matthieu, de même qu’il apparait sur le tympan des cathédrales. Cette image spécifique de la royauté a bien besoin de celle du bon berger pour nous aider à comprendre le règne de Dieu.
Du reste, cette image elle-même est double, car l’Évangile associe Jésus glorieux au pauvre et au faible et des tympans placent la croix au sommet de la composition du Jugement dernier. « Ce signe de la croix sera dans le ciel quand le Seigneur viendra juger le monde. » La Résurrection, fondement de notre foi et de notre espérance, se comprend d’ailleurs seulement par ce signe de la mort. Paul l’a bien écrit : « Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. »
C’est justement pour avoir annoncé sa paradoxale royauté que Jésus sera mis à mort. Tout le montrera pauvre, dépouillé, malade, persécuté sur le chemin de la Passion. Seuls les yeux de l’amour et de la foi pourront déceler en lui le juge dans les mains de qui le Père a remis le monde et sa justice.
abbé Michel Cuany