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  • Julia Moreno

« Insoutenables images » par l'abbé Canisius Oberson

Non, je ne veux pas d’abord faire allusion aux images des attentats, massacres et guerres qui sévissent dans le monde, y compris en Europe. Les images que j’évoquerai ici sont beaucoup plus soft, mais je finis par me demander si elles n’ont pas un rapport avec celles qui crèvent nos écrans.

Un récent Temps Présent de la RTS et quelques émissions de chaînes radio ou télévisées ont mis à jour le prix que les Grecs les plus modestes paient pour rembourser la dette de leur pays. L’Espagne, le Portugal et même l’Italie le connaissent aussi. Le choc, c’est qu’environ un Grec sur trois n’a plus accès aux soins de santé. La Grèce pourtant, c’est notre continent européen, c’est à côté de chez nous. C’est un des berceaux de notre civilisation européenne et occidentale, mais les marchés se moquent éperdument des civilisations et de la culture, qui ne sont pas un business.

L’autre image qui entre en collision avec celles des démunis de notre continent, c’est cette annonce pleine page de la banque HSBC dans plusieurs journaux britanniques, qui exprime les regrets de son directeur général pour «l’expérience douloureuse» de l’aide que l’établissement a fournie à des milliers de ses clients pour frauder le fisc. Pauvre banque, tant de souffrance pour si peu de reconnaissance! Un peu plus on verserait une larme! Au moment d’écrire ces lignes, nul ne sait si quelqu’un, en Grande-Bretagne et en Suisse, sera inquiété par la Justice pour ces agissements criminels, pour lesquels les démunis de l’Europe sont en train de payer jusqu’au prix de leur santé.

Notre monde a mal à sa fiscalité. Le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand. Les plus riches amassent avec un parfait cynisme, ils planquent dans les paradis fiscaux plus de 32'000 milliards de dollars dont la fiscalisation permettrait facilement de venir à bout de la pauvreté la plus criante dans le monde.

Peut-il y avoir un rapport entre ces images, ces faits, et les images provenant d’un «État islamique» en partie alimenté par des jeunes européens? Si le lien n’est pas évident, il est certain que les Européens (Suisses compris) auraient intérêt à se souvenir qu’ils ne sont pas des plantes hors-sol, mais qu’ils ont des racines et des valeurs qui fondent leur vivre ensemble et leur culture. L’oublier et tout sacrifier aux marchés, jusqu’à la santé, c’est s’exposer à l’explosion des violences.

En Suisse, nous aurons bientôt l’occasion de vérifier notre volonté de ne pas donner encore plus à ceux qui ont déjà tout, quand il s’agira de venir à bout du secret bancaire devant le fisc pour les citoyens suisses. Nous verrons alors quels sont nos politiciennes et politiciens dont le «service» consistera à défendre le bien-être général ou, directement ou indirectement, celui des 80 personnes de la planète dont la fortune cumulée a passé, entre 2010 et 2014, de 1'300 à 1'900 milliards de dollars! Quant à moi, résolument, «Je suis Grec».

Abbé Canisius Oberson

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